L’estuaire de la Gironde est occupé, dans sa partie amont, de Macau (sur Garonne) et Bourg (sur Dordogne), jusqu’à Pauillac, par une dizaine d’îles (île Cazeau, île du Nord, île Verte, île Margaux, île de Macau, île de Croûte – actuellement submergée, île d’Ambès, île Pâté, île Nouvelle – constituée de l’île Sans-Pain et de l’île Bouchaud, île de Patiras, île Philippe, îlot de Trompeloup) .

Cet archipel, au regard de la genèse de l’estuaire lui-même, est de formation relativement récente : depuis le XIème siècle pour les plus anciennes, jusqu’à nos jours encore (le banc de Plassac peut être considéré comme une île en formation), ces îles résultent de l’accumulation de dépôts sédimentaires fluviatiles, piégés ici par la marée de salinité.

Au fil des siècles, certaines ont disparu, rappelées par les eaux et leur puissance érosive, d’autres se sont amalgamées à la rive, parfois aidées en cela par les aménagement du Port de Bordeaux, plus particulièrement l’approfondissement du chenal de grande navigation.

Néanmoins, la superficie totale de l’archipel a doublé entre 1750 et 1850, et quadruplé entre 1750 et 1950, pour atteindre aujourd’hui environ 1 500 ha.
La présence de l’Homme y est attesté depuis toujours, c’est à dire depuis leur apparition : une terre « sort des eaux », l’Homme la colonise dès que possible.

Des religieux tout d’abord, puis des ouvriers agricoles, travaillant pour le compte de propriétaires privés, ont tenté, au fil des siècles, de domestiquer ces terres, au milieu des eaux de la Gironde.

L’archipel connaît une période faste fin 19ème – début 20ème : le phylloxéra a détruit les grands vignobles continentaux, tandis que la technique de submersion des parcelles insulaires permet de noyer le parasite vecteur de la maladie.
Plantées majoritairement en vignobles, certaines de ces îles ont vu, durant cette période de forte rentabilité, se développer en leur sein des villages, recevant une importante population de travailleurs agricoles (on l’estime à 500-600 habitants permanents au plus fort à la fin XIXème).

La crise de la surproduction viticole dans les années 1950, l’arrivée de la maïsiculture, nécessitant moins de main-d’œuvre, ont provoqué un lent exil et une désertification des îles, ainsi qu’un abandon des villages.

Aujourd’hui, ces territoires estuariens connaissent une mutation, englobant des destinées et développements divers .

Certains ont fait l’objet d’une acquisition publique (le Conservatoire du Littoral est propriétaire de parcelles sur l’île du Nord, ainsi que de l’île Nouvelle dans sa totalité, dont il a confié la gestion au Conseil Général de la Gironde, et du phare de Patiras) en vue d’en préserver le patrimoine naturel.

D’autres, comme l’île Verte, reçoivent de nouveaux projets, mêlant agriculture biologique, rénovation du patrimoine bâti et accueil touristique.

L’île Margaux est encore aujourd’hui intégralement plantée en vignoble, tandis que la pointe Nord de Patiras reçoit, au pied du phare, un site touristique au design très contemporain.

Enfin, un festival, « Histoire(s) d’Îles », est porté par le CG 33 sur ce territoire depuis 2009.

Une donnée nouvelle semble investir certains de ces espaces : l’ouverture au public depuis quelques années.
Dès lors, une question revient immanquablement poindre à la curiosité des visiteurs : « ces îles, sont elles habitées ? ».