Un collectage de mémoire, théâtralisé, mise en musique, images et poèmes…

« Trèse » est, à l’origine, un projet littéraire et musical, issu du travail de collectage de mémoire,mené auprès d’anciens habitants et travailleurs des îles de l’estuaire de la Gironde.
« Trèse » est une des formes artistiques de valorisation et de restitution publique de ce projet global (recueil de témoignages, archivage, conservation, restitution multimédia, transformation et créations artistiques). Le travail de réécriture procède par une décontextualisation d’éléments concrets et descriptifs, à l’origine liés à des pratiques, des usages, une matérialité et un territoire.

La composition musicale, et les orchestrations, sont travaillées à partir du texte, de son sens, de son écoute, et de l’univers qu’il instaure. En aucun cas illustration musicale ornementale, la composition saisit une  dynamique textuelle, et vient l’augmenter, l’amplifier, l’emmener un peu plus loin qu’un simple écho. Elle participe de fait au dispositif narratif.

La  création  a démarré  fin   2014,  les  fréquentes  séances   de  travail  ont  permis  d’affiner  les compositions. La base des 13 tableaux est arrêtée.

Un dispositif scénique particulier est créé, avec une mise en images et en lumière performative (composition  visuelle en direct, à partir d’une banque d’images, captées  ou collectées : paysages, portraits, films amateurs, abstractions, détails).

Une   banqu sonore (captation  de   fonds  sonores environnementaux sur les îles de l’estuaire) est également intégrée à la proposition scénique.

Ainsi est née une forme originale et novatrice, composite et théâtralisée (en collaboration avec le Petit Théâtre de Pain) ».

Une forme moins contraignante techniquement peut-être mobilisée et mise en oeuvre, incluant textes, musiques et images. Il s’agit de  “trèse musical”.

Ici partir d’une langue simple, désignative, relatant le collectage de mémoire entrepris auprès des anciens habitants et travailleurs des îles de l’estuaire.

A la manière du guide d’entretien utilisé pour collecter les témoignages, les premiers tableaux se dressent autour d’éléments très concrets (le village, les logements, le travail, l’alimentation,). Mais, très rapidement, le propos  dévie subrepticement vers des représentations plus subjectives et poétiques. Au plateau, la comédienne, au fil des  scènes, incarne plusieurs personnages, plusieurs voix, en des temps de réponses, de témoignages… Peu à peu ces personnages et ces voix se fondent en une seule et même entité, comme une mémoire collective émergente.

Alors jaillissent ici des éclats de témoignages, éclats de vie insulaire, par un dispositive narratif accessible, et néanmoins enchanté, empreint d’une magie visuelle et sensible. Les textes poétiques, mis en musique, viennent s’enchâsser entre ces différentes scènes, convoqués par des éléments narratifs communs, et par des instants esthétiques propices.

Par cette mise en abstraction, émerge un langage polyphonique, sériel, atemporel et universel, qui révèle la beauté  et la fragilité de l’âme humaine, sur fond de paysages estuariens  fragmentés, sorte de paradis brisé et à jamais perdu. 13 textes ont ainsi été écrits, et confiés, afin d’être mis en musique, à trois instrumentistes inspirés.

« Peu à peu, je prends  conscience que nous sommes en présence de personnes extraordinaires, en présence  de moments d’une haute intensité, peu à peu la parole émerge, se libère, magnifique et simple, comme une poignée de fruits offerts, mûrs, peu à peu s’élève au-dessus de notre présence fragile une poésie inattendue, originelle, que l’on avait oublié, et qui nous revient sans rancune…

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